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Comment surmonter l'écoanxiété

Notre fille de 17 ans s’inquiète des conséquences du changement climatique. Elle a du mal à se projeter dans un avenir qui lui paraît de plus en plus sombre. Comment la rassurer et l’aider à réduire son stress ? Charline Schmerber, praticienne en psychothérapie, spécialisée sur les écoémotions à Montpellier (1) répond à ces questions.

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« Les crues, tempêtes, incendies, canicules que nous connaissons augmentent la prise de conscience par votre fille de l’état de la planète et cela l’impacte psychologiquement. Elle peut ressentir des sentiments d’impuissance, de perte de sens, de peur de l’avenir, de tristesse, et de l’anxiété. Proposez-lui de parler de ses émotions et de prendre soin d’elle. Ne lui dites pas que tout va bien aller car nous ne le savons pas mais ouvrez la discussion. Vous pouvez l’inviter à se rapprocher d’une association, d’un thérapeute, d’un cercle de parole. Elle n’est pas seule à se questionner.

L’écoanxiété est une détresse qui est en partie prospective. Elle est générée par la connaissance que nous avons aujourd’hui de la crise écologique et de ses impacts futurs sur nos conditions d’existence. L’idée est d’apprendre à vivre au présent malgré le sentiment d’urgence, et de se réancrer dans son corps. Des techniques comme la méditation, la cohérence cardiaque ou la sophrologie peuvent l’aider à réduire son stress et à se recentrer sur son corps, ici et maintenant.

Ressentir de l’écoanxiété est aussi une opportunité pour mieux se connaître, se comprendre, se questionner sur le sens donné à sa vie et se mettre en action. Prendre des engagements, personnels ou collectifs, en phase avec ses valeurs l’aidera à reprendre pied. Agir, à son échelle, lui permettra de sortir de sa torpeur et de transformer son écoanxiété en élan de vie. Beaucoup de mes patients décident d’arrêter de prendre l’avion par exemple. Si le bénéfice à long terme est notable pour la planète, il est peu perceptible à titre personnel. À l’inverse, nettoyer, à plusieurs, une plage se traduit par un résultat concret pour soi. Voir la portée de notre action est satisfaisant. Agir à ces deux niveaux est un moyen d’avoir un impact sur l’environnement, tout en y trouvant du plaisir.

Votre fille essaie peut-être de mobiliser, d’alerter et d’embarquer ses proches dans les mêmes engagements qu’elle, sans forcément trouver d’écho, ce qui peut la frustrer. Elle doit essayer de lâcher prise. Il est impossible d’avoir des projets pour les autres, mais elle peut leur donner envie de changer leurs comportements. À elle de trouver son propre fil rouge et les actions qui l’aideront à mieux vivre avec ses maux.

(1) Membre de l’association Rafue (Réseau des professionnels de l’accompagnement face à l’urgence climatique). Auteur du « Petit guide de survie pour éco-anxieux ». 2022. Éditions Philippe Rey.

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